Aujourd’hui, je vais vous raconter une histoire qui commence par un héritage inattendu… qui se termine par une révélation bien plus terrifiante. Installez-vous confortablement, tamisez la lumière, et laissez-vous emporter par l’histoire de la Maison des Miroirs.
Partie 1 : Un Héritage Mystérieux Emma venait de perdre sa mère. Cette dernière n’était pas très âgée, à peine la soixantaine. Le décès avait été brutal et inattendu. Alors qu'elle tentait de se remettre du choc, un avocat de famille la contacta pour lui remettre une lettre peu après les funérailles. Ce n'était pas une simple lettre d’adieux ou un dernier mot d'affection. Non. Il s'agissait du testament de sa mère, où il était écrit noir sur blanc qu'Emma hériterait d'une maison. Une maison dont elle ignorait l'existence jusqu’alors.
Cela n’avait pas de sens. Emma avait grandi en ville, dans un appartement modeste. Sa mère, bien qu’habitant loin d’elle, ne lui avait jamais parlé d’une quelconque maison secondaire. Et pourtant, cette bâtisse perdue dans une région reculée semblait appartenir à la famille depuis des générations, du moins selon l’avocat.
Accompagnée de cette révélation inattendue, une lettre manuscrite de sa mère. Dans cette lettre, sa mère lui demandait expressément de "prendre soin de la maison" et d’y aller rapidement. Cette phrase tourmentait Emma. Elle avait toujours cru que sa mère ne lui cachait rien, elles étaient très proches. Alors pourquoi cette maison ? Pourquoi ce secret ?

Le week-end suivant, Emma prit la décision de se rendre à la maison. Elle devait comprendre, mettre un point final à cette histoire, découvrir ce que sa mère avait omis de lui dire.
Partie 2 : La Route Vers l'Inconnu
Emma roula pendant des heures. Les routes devinrent de plus en plus étroites, bordées de forêts denses et sombres. À chaque virage, elle sentait l’air devenir plus lourd, plus oppressant. Elle ne pouvait s’empêcher de se poser des milliers de question sur cette fameuse demeure. Le soleil commençait à décliner, projetant des ombres inquiétantes sur les collines.
À un moment donné, la route devint si sinueuse qu’elle faillit manquer la bifurcation qui menait à la maison. Un chemin de terre, presque invisible, caché derrière des arbres centenaires.
Emma (voix intérieure) :
"Personne n’a dû venir ici depuis des années."
Elle continua, la forêt s’épaississant autour d’elle, comme si elle s’enfonçait dans un monde à part, isolé du reste de la civilisation. Et puis, soudain, au détour d’un dernier virage, la maison apparut.
Partie 3 : La Maison des Miroirs
Elle était ancienne, mais étonnamment bien entretenue. Des pierres grises recouvertes de mousse, des volets en bois fatigués par le temps, et un toit de tuiles noircies par les années. Pourtant, elle dégageait une impression de solidité, comme si elle résistait fièrement à l’épreuve du temps. A côté se tenait une voiture. Celle qu’avait sa mère lorsqu’elle était petite. La vision de ce véhicule l’intrigua davantage et lui rappela son enfance.
Emma (voix intérieure) :
"C'est ici…"

En approchant, elle sentit une légère appréhension monter en elle, comme un malaise diffus, quelque chose d’indescriptible. Le silence environnant était presque assourdissant, hormis le vent qui sifflait à travers les arbres.
En entrant dans la maison, elle remarqua immédiatement un détail qui la troubla. Toutes les fenêtres étaient fermées et les rideaux tirés, mais surtout, tous les miroirs étaient recouverts de draps. Sa mère venait-elle si peu souvent ici ? Était-ce vraiment la sienne ou un secret de famille bien gardé ?

Dès qu’elle franchit le seuil de la porte, elle entendit comme quelqu’un courir subitement. Cela avait semblé être comme des pas lourds et rapide d’un animal. Elle décida alors de faire le tour de la maison, peu sereine, mais elle n’y trouvera rien d’étrange.
Emma traversa le salon, puis la cuisine, jetant des regards furtifs aux miroirs recouverts. La maison ne semblait pas inhabitée, elle dégageait une étrange impression de présence. Comme si quelqu’un l’avait quittée récemment, laissant derrière lui un monde figé dans le temps.
Elle décida d’aller ensuite dans la chambre. Curieuse de découvrir les mystères de cette bâtisse, elle ouvrit le tiroir de la commode.
“alors ça c’est étrange” se dit-elle.
Elle n’y vit que des vêtements qui lui avait appartenu du temps où elle habitait chez sa mère et qu’elle pensait avoir jeter.
Sa curiosité encore plus vive, elle poursuivi sa visite et décida de retirer les draps sur les miroirs, un par un. D’abord celui qui en recouvrait un dans le couloir, puis un autre dans la chambre. Rien d’inhabituel. Juste son propre reflet, légèrement flou à cause de la poussière accumulée. Mais lorsqu’elle souleva le drap du grand miroir dans le salon, elle fut saisie d’effroi.
Son reflet. Ce n’était pas elle. Enfin, pas tout à fait. Son visage apparaissait oui, mais derrière elle, une silhouette déformée, une version horrible de son propre reflet. Le visage était tordu, les traits déformés, tapis dans l’obscurité comme si quelque chose s’était mal passé dans le miroir. La silhouette souriait d’un sourire tordu et malsain.
Emma (voix tremblante) :
"Bordel, qu’est-ce que c’est que ça… ?"

Elle se retourna d’un bond, mais il n’y avait rien derrière elle. Rien d’autre que le silence oppressant de la maison.
Partie 4 : Les Premiers Signes
La nuit tomba rapidement, enveloppant la maison d’une obscurité profonde. Emma, épuisée par la journée et encore secouée par la vision dans le miroir, décida de se coucher. Mais le sommeil ne vint pas facilement. Les bruits, presque imperceptibles, la tenaient éveillée : des craquements, des grincements, comme si quelqu’un marchait dans les couloirs.
Soudain, un bruit plus fort résonna. Un claquement, suivi de légers pas, encore une fois. Emma se redressa d’un coup, son cœur battant à tout rompre.
Emma (voix intérieure) :
"Quelqu’un est là, c’est sûr" pensa-t-elle.
Elle tendit la main vers la lampe de chevet, mais hésita à allumer la lumière... Une silhouette se dessinait dans l’ombre de l'entrebâillement de la porte de la chambre. Immobile, l’observant. Emma sentit son souffle se couper. Son instinct lui hurlait de se lever et de fuir, mais quelque chose la maintenait paralysée sur place.
Emma (voix intérieure) :
"Allume… la lumière…"

Enfin, elle alluma la lampe. La silhouette disparut instantanément, comme si elle n’avait jamais été là. Mais Emma savait qu’elle n’avait pas rêvé. Quelque chose d’étrange se passait dans cette maison.
Partie 5 : La Révélation dans le Miroir
Le lendemain, la tension dans la maison semblait avoir atteint son paroxysme. Emma se sentait épiée, surveillée. Chaque miroir qu’elle passait semblait la renvoyer une version déformée d’elle-même, une image trouble, irréelle. Sous le miroir qui la fit sursauter la veille se trouvait désormais une photo. Elle était persuadée que celle-ci n’était pas à cette place hier encore. Elle l'a saisie alors. C’était une photo de sa mère, mais à côté d’elle, se tenait dans l’ombre exactement la même entité qu’elle avait aperçu dans le miroir. Elle lui ressemblait étrangement mais son visage était déformé et son sourire donnait froid dans le dos.
“Qu’est-ce que c’est que ce délire ?"
Perturbée et tremblante, l’envie de fuir de cette maison n’avait jamais été aussi grande. Elle se rappela les dernières volontés de sa mère et se promit à elle-même de fournir un dernier effort. Elle s’installa sur le canapé et se mit à lire un livre qu’elle avait trouvé dans la bibliothèque du salon. Cela l’apaisa un peu.
Pris d’une soif, elle décida d’aller chercher de l’eau dans la cuisine.
C’est alors qu’elle passa devant le grand miroir du salon. Mais ce qu’elle y vit cette fois-ci dépassa l’entendement.
Ce n’était pas son reflet. Ce n’était pas un miroir. C’était une ouverture, un trou dans le mur. Et derrière cette ouverture des mêmes dimensions que le miroir, la silhouette déformée qu’elle avait vu la veille. La créature tendit les bras vers elle, ses yeux révulsés, son visage tordu et déformé. Elle bondit sur Emma.
Elle poussa un cri et s’évanouit.

Partie 6 : La Rencontre
Lorsqu’elle reprit conscience, elle était allongée sur le lit, dans la chambre. Mais elle n’était pas seule. Debout, au pied du lit, se tenait la silhouette qu’elle avait vue dans le miroir. La créature la regardait, mais elle ne souriait plus. Elle avait l’air triste, presque désespérée.
"Ne crains rien", murmura-t-elle d’une voix qui ressemblait comme deux gouttes d’eau à la sienne.
Emma ne pouvait plus bouger, pétrifiée par la peur. Animé par son instinct de survie, elle bondit du lit. Son cœur battait à tout rompre, elle se précipita hors de la chambre et dévala les escaliers. Derrière elle, la créature l’appelait.
"Reviens !"
La voix résonnait dans toute la maison, presque suppliantes, mais Emma courait sans se retourner. Elle ouvrit la porte d’entrée avec une violence désespérée, s’engouffrant dans la nuit glaciale de la forêt.
Partie 7 : La Course dans la Forêt
Emma courait à travers les arbres, les branches la griffant au passage, mais elle ne ralentissait pas. Elle n’osait pas regarder derrière elle. Elle savait que la créature la suivait. Elle pouvait sentir sa présence, entendre ses pas irréguliers qui semblaient se rapprocher de plus en plus. Chaque arbre, chaque buisson, chaque ombre semblait vouloir la retenir, l’empêcher de s’échapper.

Puis elle trébucha, s’étalant de tout son long dans les feuilles mortes. La douleur la traversa.
"Rah fait chier".
Elle devait sortir de cette forêt. Elle devait échapper à ce cauchemar.
Mais, incapable de bouger, elle leva la tête.
La silhouette était là, juste au-dessus d’elle, son visage déformé éclairé par la pâle lumière de la lune était bien perceptible cette fois. Ses yeux semblaient pleins de tristesse, mais sa présence était terrifiante. L'entité tendit la main vers elle.
"Moi, je n’ai pas eu ta chance...Je suis ta sœur," dit-elle d’une voix brisée.
C’est alors que la femme déformée commença à lui raconter la terrible vérité. Elles étaient des jumelles. Emma avait eu une enfance normale, tandis que sa sœur avait été défigurée dès la naissance à cause d'une maladie. Elle explique qu’elles avaient été atteintes du syndrome du transfuseur transfusé dans le ventre de leur mère. Il s’agit d’une maladie rare où les jumeaux partage le même placenta durant la grossesse. L’une a eu une croissance normale, tandis que l’autre avait eu une croissance difficile et anormale, ce qui lui avait valu des déformations physiques horrifiques. Un visage déformé, des yeux révulsés, une colonne vertébrale tordue l’empêchant de se tenir droite, des os trop petits et faibles qui n’avaient cessés de se casser au fur et à mesure des années.
Leur mère, incapable de gérer cette situation difficile seule et leur père étant parti, avait confié la garde de l’enfant malade à un pensionnat spécialisé. Mais rapidement, les enfants l’avaient harcelé pour sa différence, allant jusqu'au rejet et la frapper violemment. Tout cela lui avait valu un long séjour à l’hôpital. Jusqu’au jour où sa mère fut appelée par le pensionnat qui n’était plus capable de gérer le handicap de Sanah, la sœur d’Emma.
Désemparé, leur mère avait caché l'existence de la sœur défigurée, la confinant dans cette maison isolée alors qu’elle avait à peine 8 ans, loin du regard du monde, seule. Elle venait très régulièrement s’occuper de Sanah.
Partie 8 : L’Acceptation et la Réconciliation
Emma écouta, les larmes coulant sur son visage. Sa mère lui avait caché cette vérité pour la protéger, mais à quel prix ? Sa sœur avait vécu dans l’isolement, sans amour autre que celui de sa mère, condamnée à errer dans cette maison en ruine. Emma comprit alors que sa mère l’avait envoyée ici non pas pour s’occuper de la maison, mais pour s’occuper de sa sœur, pour réparer ce qui avait été brisé. Qu’elle apprenne enfin la dure vérité que sa mère n’avait pas été capable de lui avouer.

Et c’est ainsi qu’Emma décida de rester. Au lieu de fuir cette maison maudite, elle prit soin de sa Sanah, apprit à la connaître, à l’aimer. Avec le temps, elles parvinrent à quitter la maison, à reconstruire une vie ensemble, loin des horreurs du passé. Aujourd’hui elles vivent heureuses toutes les deux dans une grande ville. Elles se protègent entre elles et rattrape tout le temps perdu.
“Je suis sûre que maman serait fiere...”
Conclusion
Merci d’avoir lu ou écouté cet épisode de Chroniques Étranges. Et vous, qu’auriez-vous fait à la place d’Emma ? Que feriez-vous si vous découvriez que votre vie n’était qu’un mensonge ?
Je terminerai par citer Sigmund Freud :
“ Les émotions inexprimées ne meurent jamais. Elles sont enterrées vivantes et ressortent plus tard de façon plus laide. ”
A bientôt, si vous osez revenir...
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