Le manuscrit de Voynich
Probablement le manuscrit le plus mystèrieux jamais découvert
Un ouvrage indescriptible
Le Manuscrit de Voynich est un livre énigmatique, rempli de symboles et d’illustrations inexplicables, qui a défié les chercheurs et les cryptologues pendant plus de cinq siècles.
Ce livre est ancien, de taille moyenne, ses pages jaunies et fragiles et rédigé dans une langue inconnue. Les illustrations sont à la fois fascinantes et déroutantes : des plantes qui n’existent dans aucune autre encyclopédie botanique, des diagrammes astrologiques étranges, et des représentations de figures humaines dans des poses inhabituelles. Ce livre, c’est le manuscrit de Voynich, une œuvre qui a traversé les siècles sans livrer ses secrets... Ou presque.
Laissez-moi vous exposer les théories les plus plausibles le concernant existant à ce jour et vous raconter son histoire.
La découverte du manuscrit
Le Manuscrit de Voynich doit son nom à Wilfrid Voynich, un libraire et antiquaire polonais qui, en 1912, découvre ce livre étrange dans une collection de manuscrits anciens appartenant à un collège jésuite près de Rome. Fasciné, Voynich acquiert le livre et décide d’en percer le mystère. Il le ramène avec lui, convaincu qu’il détient entre ses mains une œuvre unique, un document qui pourrait bouleverser notre compréhension de l’Histoire.
Voynich découvre rapidement que le manuscrit est écrit dans une langue totalement inconnue, un mélange de symboles, de lettres et de mots qui n’appartiennent à aucun alphabet ni aucune langue identifiée. Intrigué, il envoie des copies à plusieurs experts en cryptographie et en linguistique. Mais aucun d’entre eux ne parvient à déchiffrer le texte. Le mystère du manuscrit ne fait que s’épaissir.
Un Contenu Inexpliqué
Selon le consensus des personnes l’ayant analysé, il aurait été rédigé au 15ème siècle en Europe. Il contient 246 pages et n’est pas plus grand qu’un livre de poche. D’ailleurs, il semble incomplet car les numéros de pages ne se suivent pas toutes. Il ne comporte même pas de sommaire.
Le contenu du Manuscrit de Voynich est divisé en plusieurs sections distinctes, chacune illustrée de manière unique et... bizarre. La première partie contient des centaines de dessins de plantes, mais aucune d’entre elles ne correspond aux espèces répertoriées dans les encyclopédies botaniques. Les chercheurs l’ont surnommée la section botanique, mais pourquoi ces plantes sont-elles toutes inconnues ? S’agirait-il de plantes imaginaires, de symboles alchimiques, ou encore d’espèces disparues ? Eh bien, encore aujourd’hui : on n’en sait rien.
La section suivante est consacrée à ce qui semble être de l’astrologie. On y trouve des diagrammes stellaires, des signes du zodiaque, mais aussi des formes géométriques qui n’ont aucun équivalent dans les autres manuscrits de l’époque. Cette section renferme des images de lunes, de planètes et d’étoiles, mais organisées de façon si étrange qu’elles défient toute interprétation astrologique.
Enfin, le manuscrit contient des dessins de figures humaines nues, immergées dans des structures tubulaires ressemblant à des bassins d’eau ou des canaux. Ces illustrations ont été surnommées la section « balnéologique » par les chercheurs, mais leur signification demeure un mystère. S’agit-il de représentations médicales, de symboles mystiques, ou d’une connaissance ancienne perdue ? Nul ne le sait.
Les théories sur son origine et son auteur
Depuis la découverte du manuscrit, de nombreuses théories ont émergé pour tenter d’expliquer ses origines. Certains chercheurs pensent qu’il s’agit de l’œuvre de Roger Bacon, un savant et moine franciscain du 13ème siècle, connu pour ses études en sciences naturelles et en alchimie. Mais cette hypothèse n’a jamais été confirmée.
D’autres pensent que le manuscrit pourrait être l’œuvre d’un médecin de la Renaissance, cherchant à créer un recueil de connaissances médicales codées, ou peut-être même un manuel d’alchimie. Le style des illustrations, le type d’encre et le parchemin semblent indiquer que le manuscrit a été rédigé dans l’Europe du 15ème siècle, mais au-delà de cela, rien n’est certain.
Certains vont même jusqu’à dire que le manuscrit pourrait être un canular, une œuvre inventée de toutes pièces pour tromper les érudits de l’époque. Mais si c’est le cas, le niveau de détail, l’écriture fluide et complexe, et la constance des illustrations suggèrent un travail colossal. Quelqu’un aurait-il vraiment pu consacrer des années à inventer un langage et des illustrations aussi élaborés, simplement pour jouer un tour ?
Les tentatives de déchiffrement
Au fil des décennies, le Manuscrit de Voynich a attiré des linguistes, des cryptologues, des mathématiciens et même des informaticiens. Pendant la Seconde Guerre mondiale, des experts en cryptographie travaillant pour les gouvernements alliés tentèrent de percer ses secrets, sans succès. Les plus grands déchiffreurs de l’époque, ceux-là mêmes qui avaient réussi à casser les codes de l’Axe, durent admettre leur défaite face au Manuscrit de Voynich. Même Alan Turing, le célèbre décrypteur des codes nazis, a tenté de percer ses secrets… en vain.
Même l’intelligence artificielle et les ordinateurs modernes n’ont pas réussi à résoudre l’énigme. Les programmes de reconnaissance linguistique n’ont détecté aucune structure syntaxique similaire à une langue connue. Le texte semble avoir été écrit dans une langue totalement inventée, ou bien dans un code si sophistiqué qu’il défie toutes nos technologies modernes.
Mystère et fascination intemporelle
CEPENDANT, je ne vais pas vous laisser sur votre faim. Après tout... Les mystères sont faits pour être résolus !
En 2019, dans une étude publiée dans la revue Romance Studies, le Dr. Cheshire propose que le manuscrit soit rédigé dans une langue disparue : le « proto-Roman », un langage médiéval parlé dans la région méditerranéenne, qui serait l’ancêtre des langues romanes modernes telles que le français, l’italien et l’espagnol. Ce langage, bien qu’omniprésent à l’époque, n’était pas employé dans les documents officiels où le latin dominait, ce qui explique pourquoi il a fini par disparaître de l’histoire écrite.
Contrairement à ce que certains avaient suggéré, le manuscrit de Voynich ne serait donc pas écrit dans un langage codé mais dans un langage vernaculaire. Le proto-Roman inclut des symboles et des lettres en minuscule, sans ponctuation ni double consonne, avec quelques abréviations en latin. Ce style unique a longtemps échappé aux cryptologues modernes.
Selon le Dr. Cheshire, je cite « le système d’écriture du manuscrit peut être appréhendé dès que les règles grammaticales sont comprises ». En suivant ces règles, il a pu traduire certains passages et analyser les illustrations. Mais ce qu’il a découvert dans le contenu est encore plus fascinant.
Le Dr. Cheshire suggère que le manuscrit pourrait être en réalité un recueil destiné à une femme de cour. Plus précisément, un manuel compilé par une nonne dominicaine au château Aragonais de l’île d’Ischia pour une femme royale, Marie de Castille, reine d’Aragon. Ce recueil inclurait des remèdes à base de plantes, des bains thérapeutiques, des lectures astrologiques et des conseils sur la santé féminine, la reproduction, la parentalité et même les questions de cœur.
Les nombreuses illustrations de femmes nues, les plantes et les symboles astrologiques présents dans le manuscrit semblent ainsi représenter des aspects de la vie féminine de l’époque, liés aux préoccupations religieuses et aux croyances catholiques et païennes. C’est une vision totalement nouvelle du manuscrit, qui pourrait bien en révéler davantage sur la vie quotidienne et les croyances des femmes de la noblesse médiévale.
Pour soutenir cette hypothèse, le Dr. Cheshire cite un manuscrit du 15ème siècle écrit par Loise de Rosa, un érudit ayant vécu à la cour de Naples et ayant trouvé refuge au château Aragonais dans les années 1440. Ce manuscrit montre un style calligraphique similaire et pourrait être la clé pour mieux comprendre le langage et le style du manuscrit de Voynich.
Les tentatives de traduction
Malgré cette avancée significative, le manuscrit de Voynich continue de poser de nombreuses questions. Bien que le Dr. Cheshire ait établi une piste crédible, il reste encore à confirmer cette théorie et à déchiffrer l’intégralité du manuscrit. L’étape suivante consistera à compiler un lexique et à traduire chaque section, en collaboration avec d’autres linguistes et spécialistes du proto-Roman. Si cette interprétation se révèle exacte, le manuscrit de Voynich pourrait enfin livrer ses secrets et nous offrir un aperçu unique des connaissances et des pratiques féminines de l’époque médiévale.
Reste à savoir si cette hypothèse sera acceptée par la communauté scientifique, car le mystère du Manuscrit de Voynich a souvent résisté à des explications simplistes, et des théories antérieures, bien que prometteuses, ont fini par être réfutées.
Au risque de vous décevoir, depuis 2019, nous n’avons eu aucune nouvelle d’avancé quelconque concernant cette théorie.
Malgré tout, je vous ai promis de ne pas vous laisser sur votre faim.
Je vous ai dit précédemment que même l’IA n’avait pas réussi à décoder ce livre, et bien... ce n’est pas totalement vrai.
Tout récemment, des chercheurs canadiens viennent de faire un bond en avant grâce à un programme informatique qu’ils ont eux-mêmes développé.
L’équipe de chercheurs pensait initialement que le manuscrit pouvait être rédigé en alphagrammes sans voyelles : une technique où les lettres d’un mot sont classées par ordre alphabétique. Par exemple, le mot « livre » deviendrait « eilrv ». Ils ont donc entraîné un algorithme en le nourrissant de versions anagrammées de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, traduites dans 380 langues. Une fois l’algorithme ajusté et précis, les chercheurs l’ont testé sur les dix premières pages du Manuscrit de Voynich.
Le résultat ? L’algorithme a associé près de 80 % des mots à la langue hébraïque, bien que l’identification ne soit qu’un début pour résoudre cette énigme.
Une fois la langue identifiée, les chercheurs ont tenté de traduire le texte en utilisant… Google Translate. Oui, cet outil automatique de traduction que vous connaissez bien.
Bien que limité, il leur a permis d’obtenir une phrase initiale, certes étrange, mais qui semble avoir du sens : je cite « Elle a formulé des recommandations au prêtre, à l’homme de la maison, à moi et aux gens. » fin de citation. Une formulation énigmatique, mais cohérente, laissant entrevoir un contenu peut être sacré, voire mystique.
Les chercheurs ont également traduit un passage de la section botanique, composée de 72 mots. Ils ont réussi à déchiffrer quelques mots significatifs comme « fermier », « lumière », « air » et « feu ». Une découverte qui semble suggérer un lien avec les éléments naturels, bien que la signification de ce passage reste encore floue.
Limites et défis de la recherche
Bien que cette avancée soit prometteuse, elle est loin de percer totalement le mystère du manuscrit. Le programme d’intelligence artificielle utilisé pour traduire le texte est adapté aux langues contemporaines et non aux langues du 15ème siècle. Même si le manuscrit est effectivement rédigé en hébreu, il s’agirait d’un hébreu médiéval, dont les structures diffèrent grandement de l’hébreu moderne.
Par ailleurs, 20 % du texte reste encore non attribué. Les chercheurs pensent que ces sections pourraient inclure des langues aussi diverses que le malais, l’arabe ou l’amharique. Ils ont identifié un code potentiel et un alphabet partiel, mais le contenu exact du manuscrit demeure insaisissable.
Le Manuscrit de Voynich continue d’intriguer les passionnés, qui y voient tantôt un livre de recettes alchimiques, tantôt un recueil de prières d’une secte hérétique. Malgré les nombreuses tentatives de traduction, le manuscrit n’a pas encore révélé tous ses secrets.
Comme nous l’avons vu, chaque année, des chercheurs, linguistes et amateurs de mystères se lancent dans le décryptage de ce texte étrange, fascinés par le défi et la possibilité de découvrir un savoir oublié. Pour l’instant, le manuscrit reste indéchiffré, une énigme que ni la science, ni la technologie n’ont réussi à résoudre entièrement.
Peut-être est-ce précisément cette résistance au déchiffrement qui confère au manuscrit de Voynich son aura mystérieuse. Après tout, certains mystères, même en plein XXIe siècle, sont destinés à demeurer inviolés.
Aujourd’hui, le Manuscrit de Voynich est conservé à l’Université de Yale, dans la Beinecke Rare Book & Manuscript Library, où il continue d’attirer des chercheurs du monde entier. Certains visiteurs disent ressentir un frisson en le feuilletant, comme si ce livre était bien plus qu’un simple recueil de symboles. Il est devenu une légende, un symbole des mystères que même notre ère de science et de technologie n’a pas su élucider.
Peut-être ne découvrirons-nous jamais la vérité. Peut-être que le Manuscrit de Voynich est destiné à rester un mystère, un rappel que certains secrets de l’humanité ne sont pas faits pour être dévoilés. Mais une chose est certaine : tant qu’il existera, il continuera de captiver, d’intriguer et d’alimenter l’imaginaire de ceux qui, comme nous, s’intéressent aux mystères de notre passé.