Bonjour et Bienvenue dans Chroniques Étranges, le podcast qui brise les frontières du réel et de l’imaginaire. Cet épisode marque un tournant dans l’histoire de chroniques étranges. J’ai décidé de plus espacé la sortie des épisodes afin de m’appliquer davantage dans l’écriture et la production des épisodes. J’espère que cela vous ira !
Aujourd'hui, nous quittons la sécurité du continent pour nous rendre sur une petite île au large des côtes bretonnes, une île que les marins locaux appellent "l'Île des Âmes Perdues." C'est l'histoire d'un homme, un certain Thomas, qui, en quête de solitude après une rupture douloureuse, a décidé de s'isoler sur cette île pour quelques semaines. Mais ce qu'il cherchait, il ne l’a jamais trouvé. Ce qu’il a découvert, en revanche, était bien plus sombre et plus ancien que tout ce qu'il aurait pu imaginer.
Installez vous confortablement, et laissez vous emporter par La Marée des Âmes.
Partie 1 : Un désir d'isolement
Thomas était un photographe en mal d’inspiration. Après une rupture particulièrement douloureuse, il avait décidé de se retirer du monde pendant un certain temps. C’est en cherchant un lieu éloigné, coupé du reste du monde, qu’il tomba sur une petite annonce mentionnant un gîte sur une île déserte au large des côtes bretonnes. L’idée de trouver la paix sur une île déserte, coupée de tout, l’avait séduit. Pas d’internet, pas de téléphone, seulement lui, la nature sauvage, et les vagues comme compagnons silencieux.
Il arriva sur l'île par un matin brumeux, où la lumière du jour semblait peiner à percer l'épais brouillard marin. Le bateau qui l'avait déposé repartit aussitôt, le laissant seul sur ce bout de terre entouré par une mer infinie. Il avait été convenu que le marin revienne le chercher à la fin de son séjour. Le phare, surplombant l’île, était la seule structure visible à l'horizon, dernier bastion d’humanité face à l’immensité de l’océan.
En avançant, il vit le gîte qui se trouvait à une centaine de mètres, une petite bâtisse en pierre rugueuse, plantée comme une relique du passé sur cette île oubliée.
La solitude l’enveloppait déjà.
Partie 2 : Les silhouettes
La première nuit, bercé par le rythme hypnotique des vagues, Thomas trouva un certain réconfort. L'île semblait paisible, la mer devenait une sorte de berceuse. Mais au matin, une sensation étrange le réveilla, comme si quelque chose d’indicible flottait dans l’air. En ouvrant les volets, il vit quelque chose d'inattendu : sur le rivage, des dizaines de poissons morts, échoués, leurs corps scintillant sous le soleil froid de l'hiver. Il ne savait pas si c'était courant ici, mais la vision lui donna un frisson désagréable. Quelque chose dans l'air semblait lourd, presque oppressant.
Il passa les jours suivants à explorer l'île, prenant des photos du phare, des falaises abruptes, et des plages désertes. La lumière changeait constamment, créant des paysages magnifiques et éphémères. Pourtant, une chose le troublait : À marée basse, à chaque fois qu’il s’approchait de l'eau, il apercevait des formes furtives, des silhouettes indistinctes qui semblaient nager juste sous la surface. Des silhouettes humaines… presque transparentes. Mais dès qu’il s’en approchait, elles disparaissaient comme des mirages.
Un soir, alors que le soleil déclinait, il s’installa près du phare pour observer le coucher du soleil. Il se sentait en paix et apaisé par l’ambiance du lieu. Tandis qu’il fixait l'horizon, il entendit une voix. D'abord faible, comme un murmure porté par le vent, mais de plus en plus distincte. Il se redressa, cherchant d'où cela pouvait venir. C’était une voix féminine, lointaine, presque plaintive. "Vas-t'en…" murmurait-elle, encore et encore. Son cœur s’emballa. Thomas tenta de se rassurer, se disant que le vent jouait des tours à ses oreilles, mais la voix persistait, plus insistante, plus proche. Il se leva d’un bond et se retourna vers le phare, où il aperçut une silhouette. Une femme, immobile, vêtue d’une robe d’un autre temps, debout sur la plage. Ses cheveux étaient mouillés, comme si elle venait de sortir de l’eau. Thomas la fixa un moment, paralysé, incapable de comprendre ce qu'il voyait. D’où venait-elle ? Était-elle en danger ? Puis, soudainement, elle disparut, se dissolvant dans l’air comme une vapeur.
Ce qui suivit fut encore plus perturbant pour Thomas. Chaque nuit, à marée haute, les vagues semblaient se rapprocher dangereusement de la maison. Le bruit de l’eau, au lieu de le calmer, devint un martèlement constant, presque violent. Et toujours, cette voix, entrecoupée de gémissements, résonnait dans le vent. Thomas commença à perdre la notion du temps. Les journées lui semblaient interminables, et les nuits, peuplées de cauchemars dans lesquels il se noyait encore et encore. Une nuit, incapable de dormir et un peu agacé de ces cauchemars constants, il sortit de la maison pour aller vers la mer. La lune éclairait à peine l'île, et la marée était montée plus haut que d'habitude. Mais ce qu'il vit sur la plage le glaça d'effroi : des traces de pas, venant de la mer et remontant vers le phare. Des pas qui semblaient avoir été faits par quelqu’un qui venait de sortir de l'eau… mais il n’y avait personne.
Partie 3 : Esmée
Le lendemain matin, tout devint plus clair, mais aussi plus sinistre. Alors qu’il se rendait au phare se détendre, il découvrit, gravée dans la pierre à l’entrée du bâtiment, un nom, gravé en lettres majuscules : Esmée, suivi d’une date, 1823. Le nom lui était inconnu, mais quelque chose en lui vibrait à la mention de cette date.
Plus tard, en fouillant les quelques affaires laissées dans le gîte, il trouva un vieux journal, jauni et rongé par le temps, caché derrière une bibliothèque. À l’intérieur, un récit. Celui d’un gardien du phare, datant de 1823, qui parlait d’une femme nommée Esmée. Elle vivait autrefois sur l’île avec son mari, le gardien précédent, mais un jour, alors qu'elle se promenait près du rivage, elle disparut sans laisser de trace. Le gardien avait supposé qu'elle eût été emportée par une vague, ou qu'elle s'était volontairement jetée dans la mer, son esprit devenu fou à cause de l’isolement dû à l’éloignement de l’île avec le monde extérieur.
Mais le journal ne s'arrêtait pas là. Il parlait aussi de son retour. Peu après sa disparition, il avait écrit que des marins avaient rapporté avoir vu une silhouette sortir de l'eau les nuits de pleine lune. Certains avaient même entendu ses murmures, un appel désespéré, qui les conduisait inexorablement vers les rochers, où ils trouvaient la mort.
Thomas sentit une sueur froide glisser dans son dos. Cette femme, Esmée, était-elle la silhouette qu'il avait vue sur la plage ? Était-elle la voix qui lui disait de fuir chaque nuit ?
En rangeant le journal, un portrait du couple fait au crayon glissa du dernier et tomba au sol. En le remassant, un détail le figea net. L’homme sur la photo, ce fameux gardien, lui ressemblait étrangement. La femme, elle, était d’une rare beauté.
Partie 4 : Apparition
Cette nuit-là, Thomas ne dormit pas. Il resta assis, fixant la mer depuis la fenêtre du gîte, tandis que la marée montait, plus haute que jamais. À minuit, la voix recommença, mais cette fois, il put entendre distinctement ses mots : "Vas-t'en… pars…...le phare”. Le vent siffla autour de la maison, et les vagues, en dessous, semblaient déchaînées, comme si elles cherchaient à tout détruire sur leur passage.
Puis il la vit. Esmée, debout sur la plage, ses yeux fixés sur lui. Mais elle ne disparut pas cette fois. Elle fit un pas, puis un autre, se dirigeant lentement vers la maison, ses pieds nus traînant dans le sable humide. Thomas se recula, la gorge serrée. La porte du gîte claqua sous l’effet du vent une fois Thomas à l’intérieur, mais il savait que ce n’était pas le vent. Esmée était là, et elle voulait qu’il la suive.
Alors qu’il entendait ses pas sur le gravier près de la porte, une idée terrifiante lui traversa l’esprit : et si ce n'était pas lui qu'elle cherchait, mais quelqu'un d'autre ? Un autre gardien, une autre âme perdue, piégée par l'île, son amant peut-être ? Mais avant qu'il puisse trouver une réponse, la porte s'ouvrit d’un coup. L’air salé s’engouffra dans la pièce, et Thomas se précipita dehors.
Les vagues étaient encore plus hautes, les vents hurlants, et Esmée se tenait désormais à l’entrée du gîte, ses yeux fixés sur lui, pointant du doigt le phare. Imaginez, son visage était pâle, ses vêtements détrempés par l’eau de mer, comme si elle venait tout juste de sortir des profondeurs. Son regard semblait vide, mais ses lèvres bougeaient, formant le même appel qui ne parvenait plus à atteindre ses oreilles, comme un écho déformé par les éléments.
Pris d’une terreur indescriptible, Thomas tourna les talons et courut. Il ne savait pas où aller, l’île était petite et il était coupé du monde, mais il sentait qu’il devait s’éloigner du phare, s’éloigner d’elle. Ses pieds martelaient le sol rocailleux tandis qu’il dévalait la pente en direction de la plage, mais la mer elle-même semblait vouloir le retenir. Le vent le repoussait, et chaque pas lui demandait un effort colossal.
Arrivé sur la plage, il se retourna. Esmée avançait toujours, ses mouvements lents mais constants, comme une ombre implacable. La mer s’était maintenant avancée plus haut que d’habitude, presque comme si elle voulait engloutir l’île. Il se senti piégé. Alors que Thomas atteignait le bord de l’eau, il réalisa que les vagues chuchotaient indistinctement maintenant le nom de “Esmée”.
Sans réfléchir davantage, il plongea dans l’eau glacée, tentant de fuir l’attraction magnétique du phare. Le froid mordit sa peau, mais il nagea de toutes ses forces, cherchant à s’éloigner de cette entité qui semblait l’attirer dans un autre monde. Mais alors qu’il plongeait sous les vagues, une main froide saisit son bras. Il tenta de se débattre, mais la poigne était solide, implacable. Sous la surface, il vit Esmée. Elle flottait dans l’eau, comme une ombre disloquée, ses yeux ouverts, mais elle ne le regardait pas. Elle était prisonnière, piégée par quelque chose de plus grand qu’elle, par cette mer qui semblait l’appeler sans cesse. Et d’un coup, elle le lâcha. Thomas perdit connaissance. Quand il ouvra les yeux. Il était désormais tout en haut du phare. Seul. Il faisait désormais jour et l’île entière semblait avoir été recouverte par les vagues. Il regagna la plage son corps tremblant de froid et de peur. Le ciel était maintenant d’un noir profond, et la mer, d’un calme étrange, comme si rien ne s’était passé. En s’approchant du gîte il remarqua que sa pierre était trempée et tout à l’intérieur avait semblé être engloutie par l’océan.
Le lendemain matin, le bateau arriva pour le ramener. Le pêcheur, silencieux, ne posa aucune question. Thomas, quant à lui, ne dit rien de ce qu’il avait vécu. Mais alors que le bateau s’éloignait, il regarda l’île pour la dernière fois. Le phare se dressait toujours, et à côté du gîte : Esmée. Elle semblait réelle cette fois. Faite de chair et de sang. Il put distinguer sur son visage un sourire angélique. Esmée dégageait une sensation paisible. Il comprit alors, comme un éclair de génie. Le véritable danger, c’était cette mer déchaînée, qui avait semblée vouloir l’engloutir, comme elle l’avait sans doute fait avec Esmée. Cette dernière l’avait sauvé de la noyade et d’une mort certaine. Son but, dès le départ, était de l’avertir et de lui dire de rejoindre le phare, là où les vagues n’auraient pu l’atteindre. Il sourit à son tour et murmura “merci”. Esmée leva la main, le saluant, puis disparu dans le flou de l’horizon.
Ainsi s’achève La Marée des Âmes. Une histoire qui nous rappelle que certaines forces de la nature sont plus anciennes que l’humanité elle-même.
Cette histoire relevant clairement du surnaturelle, a changé Thomas à tout jamais. Reconnaissant envers cette âme en peine, il a voulu retourner sur l’île des années après.
Épilogue :
Il ne retrouvât jamais l’île. Comme si elle avait été engloutie totalement par la mer. L’annonce avait également disparu d’internet. Quelques années après son retour, Thomas, toujours hanté par ses souvenirs, décida de raconter son histoire. Il espérait que mettre des mots sur cette expérience surnaturelle l’aiderait à tourner la page. Mais malgré ses efforts, l’île des Âmes Perdues continuait de le tourmenter. Un jour, lors d'une exposition photo à Paris, une femme, au visage étrangement familier, s’approcha de lui. Elle tenait un livre à la main, un vieux grimoire poussiéreux. Ses yeux étaient graves, et pourtant une lueur familière brillait dans son regard. Elle tendit le livre à Thomas sans un mot.
« Je crois que ceci vous appartient », murmura-t-elle avant de disparaître dans la foule.
En feuilletant le livre, Thomas découvrit une carte ancienne de la côte bretonne, jaunie par le temps. Au centre de cette carte, l'île était marquée d’un simple symbole : un cercle, tracé à la main, puis barré. Dessous, une annotation en latin : "Celle qui protège demeure ici, a toute âme tourmentée elle ouvre ses bras. Mais une fois sauvée, elle ne peut y retournée" .
À bientôt… si vous osez revenir.
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