(Si vous souhaitez une immersion totale, vous pouvez lire ce récit tout en écoutant le podcast audio afin d'avoir les bruitages. Cela ne perturbera pas votre lecture car ce que vous vous apprêtez à lire ci-dessous est le script de l'audio. Bonne lecture)
Bienvenue dans ce premier épisode de chroniques étranges, là où la réalité flirte avec l’effroi.
Aujourd'hui, je vais vous raconter l'histoire de Lucas, un ami proche de ma famille qui m'a fait part d'un témoignage troublant de son enfance qui le perturbe encore des années après les évènements.
Son récit nous emmène dans un lieu oublié par le temps, un pensionnat isolé, caché au creux des montagnes. Cette histoire pourrait être celle d'un simple cauchemar... ou bien celle d'une vérité terrifiante.
À vous d'en juger.
C'était il y a de nombreuses années.
En effet à vrai dire, Lucas n'est plus tout jeune aujourd'hui.
À cette époque, il avait 12 ans lorsque ses parents l'ont envoyé dans un pensionnat perdu au milieu des montagnes. Ils traversaient une période difficile, financièrement. Un vieil ami de la famille leur avait recommandé un pensionnat à prix modique, le pensionnat Saint-Antoine, un établissement dont peu de gens avaient entendu parler. Ce n’était pas vraiment un choix… mais une nécessité car les parents ne pouvaient plus subvenir au besoin de leur famille nombreuse.
Lucas se souvient encore du trajet sinueux pour y arriver. La route, bordée de forêts épaisses, serpentait à travers les montagnes, et plus ils s’enfonçaient dans la région, plus la lumière du jour semblait se faire rare.
En arrivant, il fut frappé par l’apparence du bâtiment : un édifice de pierre massive, aux murs humides et aux fenêtres si sales que la lumière peinait à entrer.
Une fois à l'intérieur, l'ensemble dégageait une odeur persistante de renfermé et de moisissure.
Le directeur, Monsieur Delmas, un homme maigre aux cheveux gris soigneusement peignés, accueillit Lucas avec un sourire figé. "Ici, on apprend à être fort", disait il souvent. Une phrase qui allait bientôt résonner dans l'esprit de Lucas, bien plus qu'il ne l'aurait souhaité.
Dès la première nuit, Lucas a du mal à s’endormir. Le plancher craquait, les fenêtres grinçaient et le vent sifflait dans les interstices des portes comme si le bâtiment entier était vivant. Mais ce qui le troublait le plus, c'était le silence total des autres enfants. Personne ne parlait. Les rares échanges étaient brefs, presque murmurés. Une ambiance lourde, pesante, planait sur ce lieu.
Il ne fallut pas longtemps à Lucas pour entendre les premières rumeurs. Elles circulaient entre les enfants, dans les dortoirs, à voix basse, comme un secret interdit. Un garçon nommé Mathieu aurait disparu l'année précédente. Les autres élèves murmuraient que Mathieu avait vu quelque chose… quelque chose qu'il n'aurait jamais dû voir.
Un soir, Lucas s'installe à côté d'un garçon du nom de Rémi pour le dîner. Curieux, Lucas lui demande de lui dire en plus sur ces rumeurs. Il lui confie alors une histoire qui le glace. Il lui parle de la fameuse "salle spéciale", une pièce cachée quelque part dans le sous-sol du pensionnat. Rémi raconte que les enfants qui y étaient envoyés... ne revenaient jamais tout à fait les mêmes, si toutefois ils revenaient un jour.
Rémi lui confie également une anecdote : quelques mois avant l’arrivée de Lucas, un groupe de garçons avait tenté d’explorer le sous-sol. Ils étaient partis à cinq… mais seulement trois sont remontés. Les deux autres, selon les rumeurs, avaient été emmenés par des "ombres". Le lendemain, le directeur avait simplement déclaré que les deux enfants manquants avaient été renvoyés chez eux. Mais étrangement, aucune lettre n'avait jamais été envoyée à leurs parents, selon les dires d'autres enfants plus curieux qui scrutaient les vas et vient du facteur aux fenêtres.
Les jours passaient, et l'ambiance au pensionnat devenait de plus en plus pesante.
Une nuit, Lucas se réveille en sursaut. Un froid glacial envahit le dortoir, et il ressent une présence indéfinissable, comme un poids sur sa poitrine. Il regarde autour de lui, et c’est alors qu’il les voit… des ombres, se mouvant lentement sous la porte du dortoir.
Il décrit des ombres informes, sans bruit de pas, glissant simplement dans le couloir.
Curieux, ou peut-être poussé par une force qu'il ne comprenait pas, Lucas décide de sortir du dortoir. Il avance prudemment, son cœur battant la chamade, et descend les escaliers en direction du sous-sol.
Les chuchotements deviennent plus clairs, plus distincts, bien que toujours indéchiffrables.
En bas, il trouve une porte massive, en bois, ornée de gravures étranges, presque ésotériques.
Il entend des murmures… des cris étouffés… et un rire. Un rire déformé, qui semble provenir d'une gorge trop serrée. Lucas prend peur, fait demi-tour et court se jeter sous sa couette.
Le lendemain matin, il découvre que Théo, un garçon qui lui avait parlé des ombres, est introuvable. Les autres élèves baissent la tête lorsqu'il pose des questions, et les professeurs se contentent de dire que Théo "est parti". Mais Lucas sait que quelque chose cloche.
S'en est trop pour lui, cette nuit-là, il retourne au sous-sol.
Lorsqu'il pousse la porte, il découvre un couloir faiblement éclairé par des lampes à huile fixées aux murs
Le sol semble creux sous ses pas, résonnant comme un tambour lointain. Au bout du couloir, une petite pièce éclairée par des bougies l'attend. Sur une table en bois, des objets anciens sont dispersés : des journaux jaunis, des photos d’enfants, des carnets poussiéreux.
En feuilletant un vieux journal, Lucas découvre un article parlant d’un incendie qui avait ravagé le pensionnat en 1923.
Plusieurs enfants y avaient perdu la vie. Mais ce n’est pas tout. Il trouve également une liste de noms griffonnés dans un carnet... Parmi eux...celui de Théo… et à côté, une date récente. Pris de panique, il cherche à comprendre, mais c’est alors qu'il tombe sur une photo… une photo d’enfants devant le pensionnat, datée de 1923.
C'est alors qu'il y remarque un garçon… un garçon qui ressemble étrangement à Mathieu, l'enfant disparu l’année précédente.
Lucas sent soudain une présence derrière lui. Lorsqu’il se retourne, il aperçoit une silhouette d'enfant, pâle, presque translucide, les yeux vides. "Aide nous", murmure-t-elle d’une voix brisée.
Paniqué, Lucas s’enfuit, courant à travers le couloir sans jamais se retourner.
Cette nuit-là, il ne ferme pas l’œil, le cœur battant, attendant que l'aube le libère.
Le lendemain matin, ses parents arrivent à l'improviste. Sans lui donner d'explication, ils lui disent qu'ils ont reçu une lettre étrange du pensionnat, les pressant de venir le chercher immédiatement.
Ils quittent les lieux, et Lucas pétrifié mais soulagé, ne regarda pas en arrière.
Des années plus tard, Lucas apprend que le pensionnat a été fermé définitivement peu de temps après son départ.
Officiellement, à cause de "problèmes structurels". Mais il sait, au fond de lui, que quelque chose de bien plus sombre hantait ces murs.
Lucas avait reparlé à plusieurs reprises de cette partie de sa vie à ses parents, mais à chaque fois ils semblaient évasifs et tentaient de changer rapidement de sujet.
Alors il avait entrepris des recherches plusieurs années après les faits.
Mais ils n'avaient rien trouvé de plus que ce que relatait les journaux.
Avec l'avènement d'internet, il y avait également tenté de faire des recherches mais il n'y avait trouvé aucune trace de ce pensionnat… comme si il n’avait jamais existé.
Lucas se demande aujourd'hui si tout cela n’était qu’un cauchemar, mais les souvenirs sont trop réels, trop vivaces pour être le fruit de son imagination.
Ainsi se termine l’histoire de Lucas et du pensionnat Saint-Antoine. Un lieu, peut-être effacé de la mémoire collective, mais dont les murs murmurent encore les secrets de ceux qui y sont restés.
Ce récit nous rappelle que la vérité est parfois plus effrayante que la fiction.
Alors, combien d'autres histoires, tout aussi terrifiantes, dorment elles encore, cachées dans des recoins oubliés, en attendant que quelqu'un les redécouvre ?
Comments